40 ANS ET PLUS : LA SOCIEDAD DE AMIGOS DEL MUSEO AFROANTILLANO DE PANAMÁ (SAMAAP) EST AU SERVICE D’UN MUSÉE ET DE SA COMMUNAUTÉ
La Sociedad de Amigos del Museo Afroantillano de Panamá (SAMAAP) est une organisation à but non lucratif qui soutient le musée afro-antillais du Panamá, un musée géré par le gouvernement et situé dans le quartier de El Marañón, à Panamá City, République de Panamà. Melva Lowe Goodin, a été la première présidente et membre fondatrice de la SAMAAP et Arcelio Hartley est le président actuel de la SAMAAP. L’organisation a célébré son 40e anniversaire le 24 mars 2021.
Comment la SAMAAP est-elle au service du musée afro-antillais de Panama, de la communauté des personnes d’ascendance africaine de Panama et de la société panaméenne dans son ensemble ?
Melva Lowe Goodin : Lorsque nous avons fondé la SAMAAP, notre principal objectif était de soutenir le gouvernement du Panama pour faire du musée un véritable hommage aux efforts des milliers de travailleurs afro-antillais qui ont migré vers cet isthme pour participer à la construction du chemin de fer transisthmique et du canal de Panama. Au fil du temps, nos expériences communes se sont multipliées et nous avons été appelés à nous impliquer davantage dans la communauté des personnes d’ascendance africaine et dans la société panaméenne au sens large. Aujourd’hui, les questions de discrimination raciale restent au premier plan de nos luttes.
Arcelio Hartley : La SAMAAP collecte des fonds qui permettent de soutenir financièrement l’entretien de la structure du musée et de ses terrains, par exemple en réparant les escaliers de l’entrée, en améliorant le parking, en agrandissant le bureau administratif et les toilettes, en fournissant des climatiseurs pour le musée et le bureau, et des espaces de stockage pour la muséographie. L’organisation promeut la reconnaissance des Afro-Antillais en tant que contributeurs clés au développement de Panamá ; elle cultive la fierté de la communauté noire et le respect de la société panaméenne au sens large.
Arcelio, vous êtes l’actuel président de la SAMAAP, et avant cela, vous avez été membre du conseil d’administration pendant quatre ans. D’où vient votre engagement avec la SAMAAP ?
AH : J’ai découvert la SAMAAP en 2003 lorsque j’ai été sélectionné comme lauréat du gala annuel de collecte de fonds « Conozca su Canal ». C’est ainsi que j’ai pu participer au pèlerinage commémoratif à la coupe Gaillard du canal de Panama. J’ai aimé ce que faisait l’organisation et j’ai décidé de m’impliquer dans un premier temps en aidant à améliorer le processus de transport pour le pèlerinage à la coupe Gaillard et en participant à la foire afro-caribéenne. Avant mon élection au poste de président, j’ai siégé au conseil d’administration pendant quatre ans ; en tant que vice-président de 2017 à 2018, puis en tant que responsable du droit et de l’ordre de 2019 à 2020.
Melva, cela fait 40 ans que vous avez fondé cette organisation avec quinze autres membres de la communauté antillaise du Panama. Quels étaient les objectifs de la SAMAAP lorsque vous avez créé l’organisation et comment a-t-elle évolué au fil du temps ?
MLG: Cela fait 40 ans qu’un groupe de quinze membres de notre communauté afro-panaméenne s’est réuni pour poser les bases de l’organisation que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de SAMAAP. A l’époque, notre objectif principal était de garder ouvertes les portes du musée et d’améliorer sa reconnaissance dans notre pays. Nous avons été confrontés à la tâche d’éduquer les membres de notre communauté sur le rôle important que jouent les musées dans le maintien de la culture et de l’identité. Aujourd’hui, nous comptons parmi nos membres actifs plusieurs centaines de résidents du Panamá, des États-Unis et d’autres pays. Grâce au soutien de ces membres, nous avons pu réaliser d’importants projets de construction et organiser des événements culturels.
Quelles sont, selon vous, les réalisations les plus importantes de la SAMAAP ?
MLG : La réalisation la plus significative de la SAMAAP est le soutien qu’elle apporte aux agences gouvernementales en vue d’améliorer la structure du musée et son environnement. Notre participation à la conservation des expositions du musée nous a beaucoup appris sur notre histoire et sur les personnalités qui ont marqué les premières années de notre immigration au Panama. Grâce à notre enthousiasme, nous avons acquis un grand respect au niveau national et international, ce qui est une source de grande fierté pour nous.
AH: Réussir à maintenir un nombre important de personnes soutenant l’organisation et rester un groupe pertinent et respecté au sein de la société pendant 40 ans sont deux grandes réussites. Le groupe a organisé une foire qui est devenue une activité très prisée, non seulement parmi les personnes noires, mais aussi dans l’ensemble de la société interculturelle.
Quelles sont, selon vous, les questions les plus urgentes pour le musée aujourd’hui ?
MLG : La question la plus urgente pour le musée aujourd’hui est de poursuivre la lutte pour éradiquer les vestiges persistants de discrimination raciale qui existent au sein de la société ; ce faisant, notre musée bénéficiera d’un meilleur soutien du gouvernement. Il y a beaucoup à faire pour éduquer la population sur le rôle des personnes d’origine africaine dans le développement du Panamà, ainsi que pour former des étudiants universitaires à la recherche historique afin que nos expositions soient toujours attrayantes. Un effort consciencieux doit être fait pour encourager la participation constante des jeunes dans l’organisation.
AH: La préservation de la structure d’accueil du musée, qui est une église en bois construite il y a plus de 110 ans, est une question urgente pour notre organisation. Par ailleurs, l’officialisation de la relation entre la SAMAAP et le ministère de la Culture garantira le rôle continu de l’organisation dans le soutien du musée et la promotion de son appréciation au sein de la communauté.
Comment envisagez-vous l’avenir du musée afro-antillais du Panama et de la SAMAAP ?
MLG : Je voudrais voir la SAMAAP continuer à jouer son rôle de leader au sein des communautés nationales et internationales en tant qu’organisation qui soutient les droits de l’homme des personnes d’origine africaine dans toutes les parties du monde. Je voudrais nous voir développer la capacité de construire et de gérer des centres culturels qui fournissent à ces communautés des installations leur permettant de développer leurs talents et leurs compétences.
AH : J’espère que le musée fera partie d’un plus grand centre culturel qui servira à améliorer les expériences d’apprentissage, en particulier pour la communauté noire. J’espère que la SAMAAP restera un partenaire essentiel du musée et du gouvernement afin de sauvegarder l’héritage de la contribution antillaise au Panama.
Interview réalisée par Nyasha Warren