La MAC s’associe à la NMAAHC, au CTM et à l’ICOM pour organiser un atelier sur la gestion des risques majeurs

Article de Alexandra Gooding

Aucun organisme ou site du patrimoine culturel n’est totalement à l’abri d’une catastrophe, où qu’il se trouve dans le monde. Dans le contexte de la préservation du patrimoine culturel, la « catastrophe » peut prendre de nombreuses formes : catastrophes naturelles telles que les ouragans, les tremblements de terre et l’activité volcanique ; les agents biologiques tels que les moisissures ou les parasites ; les interruptions de service des systèmes de gestion des bâtiments ; vol d’un objet ; ou même troubles sociaux violents. S’il est impossible d’atténuer toutes les menaces en permanence, il est possible de faire le maximum pour se préparer aux « pires scénarios » et aider à atténuer les effets si jamais ces scénarios deviennent une réalité.

« Fin 2019, la MAC et le Conseil international des musées (ICOM) – en partenariat avec le Bureau des partenariats stratégiques du Smithsonian National Museum of African American History and Culture, le Ministère français de la Culture et la Collectivité Territoriale de Martinique – ont lancé des appels à candidatures pour un atelier de gestion des risques majeurs qui devait avoir lieu en Martinique en Mai 2020 », explique Natalie Urquhart, la Présidente sortant de la MAC. Natalie Urquhart explique que ce programme « s’inscrit dans le cadre de l’engagement continu de la MAC à développer des ressources partagées et des opportunités de formation pour les membres », et que l’objectif du programme est « de renforcer les capacités des professionnels des musées à identifier et atténuer les risques, à répondre efficacement aux urgences et aux crises, et à construire des réseaux de soutien à travers la Caraïbe. »

Ce n’est pas la première fois que l’ICOM aide à faciliter ce type d’atelier régional. « Le renforcement des capacités est l’une des lignes d’action de l’ICOM depuis de nombreuses années », explique Carlos Serrano, Coordonnateur des programmes de formation muséale au Secrétariat de l’ICOM. Selon Serrano, la mise en œuvre d’ateliers régionaux a été particulièrement renforcée depuis 2018, lorsqu’un nouveau poste a été créé au sein du Secrétariat, dédié à ce type de programmation. « Depuis lors, dit-il, des programmes régionaux ont été élaborés et animés en Colombie, au Maroc, en Afrique du Sud, et maintenant dans la Caraïbe. Ces ateliers visent à donner aux professionnels des musées du monde entier la possibilité de participer à des programmes de formation de haut niveau dirigés par des experts internationaux, et visent également à créer des réseaux régionaux pour les professionnels des musées qu’ils peuvent utiliser pour échanger des informations ou pour lancer et développer des projets de collaboration. » Serrano a souligné que de tels programmes ne sont pas possibles sans le soutien de partenaires locaux ou régionaux. « La MAC a participé à la sélection du thème et à la conception de l’ensemble du programme. Il ne s’agit pas pour l’ICOM d’apporter une expertise dans la région, mais plutôt de trouver l’expertise locale et régionale et de la renforcer par le partage d’expériences et de connaissances, et la création de réseaux de professionnels. »

En raison de la pandémie, le programme a dû être reporté et a été converti en un modèle hybride. Malgré ce report, un total de 20 stagiaires de la Martinique, d’Haïti, de la Guadeloupe, de la Guyane française ont finalement participé au programme. « Afin d’assurer la diversité des institutions présentes à l’atelier, une limite de deux personnes par institution a été imposée », a déclaré Urquhart. « Cela a permis à un large éventail de musées de la région de bénéficier de cette opportunité de formation essentielle et de garantir le développement d’un réseau de soutien solide, via les réunions. »

Les trois premières sessions ont eu lieu virtuellement du 29 septembre au 1er octobre, du 19 au 20 octobre et le 9 novembre. Une première session de présentation préalable à la formation a également eu lieu le 27 septembre. Ces composantes virtuelles comprenaient des présentations et des discussions autour de différents thèmes – tels que l’analyse des risques, les plans de sauvegarde des biens culturels, l’identification et l’organisation d’un site de secours temporaire – ainsi que des études de cas et des exercices pratiques en groupe. La session finale aura lieu dans quelques semaines, sur place en Martinique (comme prévu à l’origine) avec le soutien logistique de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), qui a une relation de travail historique avec la MAC.

« La CTM collabore avec la MAC depuis de nombreuses années », a déclaré Laurent Ursulet, responsable du Domaine de Fonds Saint-Jacques à la CTM, « tout comme ses propres musées sont intégrés pleinement au réseau de l’ICOM depuis très longtemps. Le partenariat avec la CTM soutient nos efforts continus pour développer la coopération dans la Caraïbe et à l’international de manière opérationnelle et stratégique. Nous apportons une expérience créolophone et francophone, ainsi que les atouts infrastructurels de l’administration française. Dans le cadre d’une coopération culturelle respectueuse, la CTM souhaite jouer un rôle actif et non passif. »

Au total, 19 stagiaires de Martinique, de Guadeloupe, d’Haïti et de Guyane française devraient participer à la dernière partie de l’atelier, en personne, à la CTM. Ces trois jours comprendront des présentations portant sur la communication de crise, les partenaires sur le terrain, ainsi que la récupération et la résilience après une catastrophe. Un exercice pratique sur l’évacuation et le sauvetage de biens culturels, aura lieu à l’Habitation Fond Rousseau, et des excursions seront organisées pour permettre aux participants de visiter d’autres sites culturelles locales, telles que Musée d’Histoire et d’Ethnographie, Habitation Clément, Le Mémorial de la catastrophe de 1902/Musée Frank A. Perret, et le Centre de Découverte de la Science et de la Terre.

Le groupe complet de 19 participants comprenait 9 stagiaires de la Martinique (7 des musées de la CTM ; 2 de la Fondation Clément), 5 stagiaires de la Guadeloupe (2 du Musée Edgar Clerc et 2 de l’Écomusée de Marie-Galante; 1 du Mémorial ACTe), 4 stagiaires d’Haiti (1 du Musée du Panthéon National Haïtien ; 1 de Le Centre d’Art; 1 du Musée Ogier-Fombrun; 1 de Sant Kiltitel Felix’s Moriso Lewa), et 1 stagiaire de Guyane française (des musées de la Collectivité Territoriale de Guyane).

Les lecteurs peuvent s’attendre à un rapport détaillé de cet atelier  dans le prochain bulletin d’information de la MAC !